
Résumé
Pourquoi une grande partie des résidents de l'occupation de Woodstock au Cap, régie par le mouvement social Reclaim the City, se tiennent-ils à l'écart des activités militantes, pourtant obligatoires, du mouvement ? À rebours d'une analyse dichotomique « actif » versus « passif », je mets en évidence l'adoption par ces habitants d'une attitude médiane, l'« engagement situé », limité à l'espace de l'occupation. À travers la restitution des trajectoires de certains d'entre eux, j'explore la façon dont la réparation de sphères de vie mises à mal par l'instabilité résidentielle, d'une part, la socialisation aux idées conservatrices portées par le parti au pouvoir dans la municipalité, d'autre part, constituent des entraves à un engagement intense en faveur d'un mouvement aux idées ancrées à gauche. Je resitue par ailleurs les subjectivités des habitants dans les conditions interactionnelles de voisinage. Les liens fragilisés par la promiscuité peuvent dégrader les rapports de militantisme et décourager un engagement poussé au sein du groupe. Toutefois, l'engagement situé est rendu possible grâce à des ajustements du militantisme qui permettent aux résidents d'éviter les sanctions et de préserver des relations de voisinage relativement apaisées.